When I'm Only One

[ Le personnage pour ce Rp est Judith Campbell Sr, d'un autre forum où je suis x) ]

Assise dans un des salons du bâtiment, Judith surveillait d'un oeil les élèves assis devant elle. L'ambiance était studieuse, un examen avait lieu le lendemain.
Cela reposait la jeune fille, qui pour la première fois n'avait pas à s'imposer parmi les Mannakas. Elle se cala dans son fauteuil en jouant avec une mèche de cheveux. Son regard dévia vers sa montre à son poignet, un sourire de satisfaction sur ses lèvres. Plus que dix minutes et on viendrait la relever. Prenant un stylo sur sa table, elle gribouilla pendant quelques minutes sur une feuille, rien d'extraordinaire, ses dessins habituels, une jeune fille sous la pluie, avec à son bras du grand parapluie rouge.

Comme par hasard, mais ce n'en était pas un, Judith était tout de rouge elle aussi, la seule différence et qu'elle ne prenait jamais de parapluie elle. Un autre surveillant arriva, lui tapotant doucement sur l'épaule. Elle se leva avec un sourire et sortit de la salle d'étude en s'étirant longuement. Son regard traîna un peu dans le couloir, pour atterrir sur la fenêtre, il pleuvait.

Elle fronça les sourcils et s'en approcha, collant sa main au carreau déjà froid. Il avait fait bon aujourd'hui, et la neige était presque fondue, comme toujours dans les premiers jours d'hiver, la pluie tombait avec hardeur, fine et noire.
Levant ses yeux, devenu totalement gris a cause du temps, elle regarda l'horizon. Le soleil se couchait aussi, c'était ce temps-là...

Les pommettes de Judith disparurent et ses fossettes se regonflèrent, elle fit un violent demi-tour, comme dans un spasme incontrôlable. Elle était une sorte de loup-garou, sauf que la pleine lune ne lui faisait rien, et la nuit non plus. C'était au crépuscule, quand la pluie tombait, qu'elle se métamorphosait. Et elle ne voulait pas qu'on la voit ainsi. Elle fonça jusqu'à sa chambre et prit une vieille guitare en bois, complètement déteint, et aux cordes presque rouillées.

Une larme coulait déjà sur son visage, elle se cacha dans son écharpe blanche et alla vers le grand escalier. Elle monta au dernier étage, et ouvrit la porte du toit.
Une rafale de vent la cueillit à peine la porte entrouverte, faisant voler sa robe écarlate et ses cheveux roux, elle ne frissonna pas.
Les gouttes d'eaux cristallines vinrent se lover sur chaque partie de son corps, mouillant peu à peu ses bras et ses vêtements, trempant ses cheveux.

Elle s'approcha jusqu'à la balustrade et respira à fond, le visage tourné vers l'ouest. Ses cheveux lui collaient au visage, ses cils étaient perlés de gouttes d'eaux et son visage blanchissait sous le froid.
Elle se mit à chanter.

Sa voix pure sortait naturellement, elle chantait pour la pluie, elle chantait son père perdu. Ses phalanges blanchissaient tandis qu'elle s'agrippait à la barre de fer.
Elle s'assit sur la balustrade et prit sa guitare, déjà trempée, mais habituée. Ses mains jouèrent avec fluidité, des accords très simples, elle ne jouait pas superbement, mais ils sonnaient juste.

Judith chanta une heure durant, la nuit venait peu à peu l'envelopper d'un linceul sombre, elle chantait toujours, ses doigts saignaient sur les cordes rouillées, elle chantait encore. La guitare grinçait, mécontente du sort qu'on lui donnait, se déréglant sous la pluie, Judith ne s'arrêtait pas.

Finalement, sa voix se bloqua dans sa gorge, elle fit glisser la guitare sur le promontoire, à l'abri sous une plaque de fer qui trainait. Elle tomba elle aussi sur le sol en béton du toit, en boule. Cette fois, elle pleurait. Ses mains, réunit autour de ses genoux, trituraient nerveusement une bague en argent autour de son auriculaire, ses deux mains qui saignaient d'avoir trop joué. la bague se tacha de sang, et quelques gouttes tombèrent même sur le sol, se mélangeant à l'eau.

Elle stoppa alors toute activité, se figeant aussi soudainement qu'elle avait arrêté de chanter. sa tête entre ses jambes demeura silencieuse, et ses mains se posèrent sur ses genoux.