La pluie après la pluie

C'était pourtant une après-midi de mai. Dans le magnifique parc de la ville, une pluie fine et continue tombait depuis trois jours, monotone.
Les pelouses habituellement pleines de monde ruisselaient sous les gouttes de pluie, sans qu'aucun promeneur ne vienne s'asseoir dessus. Quelques passants fuyards traversaient les allées sablées, à travers les grands arbres épanouis, mais ils étaient peu. Tous vêtus de noirs, leur parapluie ou leur manteau tout aussi assorti. Personne n'a envie de porter des couleurs quand le ciel pleure.

Située au centre de la ville, le parc était connu pour sa taille importante et sa superbe. Fleuri de toute part, il rayonnait même par ce temps, les buissons colorés de milliers de petites fleurs et les grands platanes apportant tout de même ce charme légendaire. Bien sur il était plus agréable lors des jours de soleil, quand les animaux en semi-liberté quittait leur enclos pour venir paître tranquillement parmi les promeneurs, que les rires d'enfants raisonnaient dans toutes les allées. Mais il ne ressemblait certainement pas à ces parcs qui prennent une allure fantomatique lorsque tout visiteur le boudait et que la pluie le détrempait.

Une jeune fille pourtant ne comptait pas se laisser déstabiliser par le temps maussade. Portant une robe noire et rouge, elle lisait tranquillement un livre à l'abri d'un grand arbre aux larges feuilles qui la protégeaient parfaitement. Un parapluie couleur sang était posé par terre juste à côté d'elle, séchant légèrement, de grandes gouttes translucides coulant le long de la surface plastifiée. Sereinement, la jeune fille tournait les pages de son livre, à un rythme régulier. Légèrement maquillée, ses yeux couleur de bois clair restaient concentrés. Si on s'était approché, on aurait vu que le titre du livre était "la nuit des temps". Un livre scientifique ? Probablement pas, la couverture aux couleurs sombres représentant un lever de soleil sur la terre. Le soleil était d'un rouge intense et la terre noire, assortie aux vêtements de la jeune fille. Ce livre était en fait un récit de science-fiction, mais rien ne permettait de le savoir au premier abords.

Ses cheveux mi-longs étaient sec, preuve que malgré le temps elle savait se protéger des intempéries. Aussi chaud et intense que du chocolat, ils brillaient légèrement, bien que le soleil ne se montra toujours pas.
Elle arrivait à la fin de son livre, quand elle eut tourné la dernière page, une larme coula le long de sa joue, et elle caressa doucement la couverture en relisant le résumé. Peut-être était-ce une histoire d'amour en réalité.
Elle secoua la tête et son sourire ému la quitta, bien que la lueur humide de ses yeux refusa de s'en aller.
Elle respira un grand coup, s'emplissant les narines de cette odeur d'herbe mouillée et de terre humide. Se levant ensuite, elle rangea son livre dans une petite sacoche à son côté et reprit son parapluie.

Le parc avait quelque chose de particulier qu'un grand lac occupait son centre, et sur une plateforme en bois, un petit café se dressait. Habituellement plein de femmes et de landeaux, d'enfants pleurant et d'hommes discutant devant une bière, il n'accueillait aujourd'hui que quelques courageux, et l'ambiance était très intimiste et enfumée. Ici l'humidité avait disparue, et dans la grande cheminée, qui ne servait habituellement que de décoration, un feu généreux brûlait, le porte-manteau mis à coté pour permettre aux vêtements de sécher.
Elle allait s'installer dans une petite table au fond, la serveuse la connaissait puisqu'elle s'approcha immédiatement et dit :
- Alors, Chargée de discipline, tu es rentrée de vacances ?

Le ton n'était pas agressif, mais dénudée d'amitié, des connaissances, juste des connaissances. La jeune fille aux cheveux chocolat eut un sourire aimable, elle répondit :
- En effet Yukari, j'ai du m'absenter quelques temps, mais je reviens enfin.
- Oui bah c'était pas trop tôt, tout seul Zéro terrorisait les autres.

On sentait dans cette phrase une légère amertume, Zéro avait du lui faire peur à elle aussi.
Sans sourire - ce n'aurait pas été poli - Yuki hocha la tête, prouvant qu'elle la comprenait en quelques sortes, et commanda un thé.
Deux minutes plus tard, dans un tintement de céramique, on lui servit son thé. Elle le but lentement, à petite gorgée. Il faisait chaud ici, un peu plus que dehors, et les rideaux des grandes fenêtres étaient tirées, on ne voulait pas déprimer les gens.

Elle regarda sa camarade de classe prendre une autre commande. Elle avait de longs cheveux noirs et des yeux océans. Tous les garçons étaient folle d'elle, et elle en était ressortie un peu hautaine et fière. C'était dommage, elle était vraiment jolie. A vrai dire, Yuki ne pouvait pas la supporter, pas par le fait qu'elle attire tout les regards, elle s'en fichait royalement. Mais ses grands airs supérieurs l'exaspérait, et elle était intelligente en plus, première de la classe. Yuki était avant-dernière, c'était Kiryu qui détenait la place de cancre, mais c'était juste parce qu'il ne venait jamais aux examen. Par dessus tout, Yukari avait une énorme poitrine, et cela, oui, ca l'énervait, un peu.

Elle n'entretenait pas des rapports passionnés avec les élèves de son lycée, à vrai dire, ils la détestaient même un peu tous, mais la respectait, car elle était la fille adoptive du directeur. Yuki ne voulait même pas savoir ce que les langues de vipères disaient derrière son dos, elle s'en fichait vraiment pas mal. Elle n'avait qu'une amie de sa classe, Yoru. Elle la connaissait depuis toujours, et cela lui suffisait amplement. Bien sur elle ne connaissait pas tout d'elle, personne ne connait tout d'une personne, mais elle en savait plus sur elle qu'elle n'aurait osé pouvoir savoir si jamais elle s'était lié d'amitié avec un tas d'autre personne.

Elle sourit et bu encore un peu de son thé, elle devait bientôt rentrer, personne n'était encore au courant, ils l'apprendraient bientôt. Elle était revenue de ses semaines d'errances, enfin. Elle ferma les yeux en se demandant ce qu'était devenu Kiryu, voilà longtemps qu'elle ne l'avait pas vu en fait. Et Kaname... Kaname..

Soupirant d'un air plus que triste, elle porta encore une fois sa tasse à sa bouche, perdue dans ses pensées, elle ne vit même pas que la porte du café s'ouvrait à nouveau, faisant rentrer une bouffée d'air froid et humide.

En levant les yeux, Yuki aperçut un visage a peu-près familier, un peu.
Une élève de la Night Class, Vampire de son état. Comme quoi même eux sortaient en plein jours, quand le ciel pleurait. Elle eut un léger sourire, pourquoi voulait-elle s'asseoir à coté d'elle ? Elles ne s'étaient parlés que deux trois fois, mais elle se souvenait d'une nuit sur un toit, où elle lui avait parlé assez longuement. Oui, cette vampire n'était pas la pire, sans être du côté des gentils pour elle, jamais Hinaë ne s'était dressée en ennemie. C'était plutôt un bon commencement.

Elle hocha la tête en reposant sa tasse et lui répondit avec son petit sourire :
- Oui, assieds toi.
Cela dit, elle retourna à son thé, se réchauffant avec tant qu'il n'était pas encore tiède. Elle observa enfin la nouvelle venue à sa table, elle n'avait pas changé, en six mois. Six mois qu'elle n'était plus là, et Zéro qui n'était pas près de revenir, lui...
Son contact avec Hinaë serait donc le premier pour signifier son retour à l'académie, ça avait peut-être quelque chose de symbolique, Yuki n'en savait rien, et n'avait pas à penser à cela maintenant.

En attendant que la vampire aux cheveux de feu réponde, son regard dériva un instant sur les tables d'à côté. Un groupe d'homme entre deux ages faisaient une partie de cartes, ils n'avaient pas besoin de parler fort, on sentait dans leurs regards qu'ils comprenaient ce que voulaient leurs adversaires. C'était de bonne guerre, à le voir. Le genre de tactique glaçante, sans parole, où chaque ami est un ennemi, pourtant, un seul rire et tout repartait, jamais les liens qui soudent ce groupe ne se détruisent, même dans la guerre la plus silencieuse.

Elle aurait aimé que sa vie soit semblable, qu'en un rire tout s'envole, mais dans sa vie ou dans l'univers, cela ne marchait jamais. Seul les parties de cartes fonctionnaient de cette manière. Elle faillit soupirer, mais se retint, réussissant à rester parfaitement neutre.

Son regard partit a peine plus loin, le bar.
La serveuse était en grande discussion avec un des clients. Normal en première apparence, pourtant Yuki les connaissaient. L'année d'avant ils étaient sortit ensemble, leur histoire avait fait grand bruit, et ils s'étaient séparés en cri et hurlement qui avait fait un temps trembler le pavillon du soleil.
A les voir comme ça on ne le croyait pas, à les voir comme ça personne ne s'en serait douté. Encore un tour de la vie, jamais ce monde que nous côtoyons chaque jours ne nous sera totalement ouvert, il est même si lointain que si l'on réflechit trop, on se retrouve projeté très loin. Il n'est pas bon de trop réflechir, sauf s'il est jugé bon de souffrir, ça Yuki l'avait compris il y a bien longtemps.

Derrière le bar, une femme enceinte buvait un café, seule. Ses yeux rougis.
Personne ne pouvait savoir ce qu'elle avait, à part ce qui l'avait fait pleurer. Peut-être son mari l'avait quitté en claquant la porte, la laissant le ventre plein, peut-être un membre de sa famille était mort, il ne verrait jamais la merveille qui sortirait du corps de cette femme.
Ou alors elle venait d'apprendre que jamais son enfant ne naîtrait, et en touchant ses rondeurs douces, elle essayait de supporter l'idée que rien n'en sortirait.

Personne ne peut savoir ce que le monde autour de nous pense.

Alors, Yuki se retourna vers la jeune vampire, tout cela n'avait duré que l'espace d'un instant, en une seconde, peut-être deux, elle avait vu dans son regard des dizaines de vies, à un moment précis. Et dans pratiquement si peu de temps, elle aurait oublié tout ça.

Elle se fixait pour l'instant dans ce qu'elle pouvait controler, les personnes à qui elle pouvait parler, souriant doucement à la jeune fille face à elle, Yuki lui demanda :
- Tu ne dors pas, Hinaë ?

Mon arrivée avait été très fracassante. A peine j'arrive et il pleut. Le ciel était très noir et j'avais un peu froid. Je regardais alors un café près de moi. Je décidais d'y rentrer. J'avais encore mon uniforme j'espère que personne ne vient ici la journée sinon c'est sur il me traiterais de monstre qui ne dort pas. Être Level D n'étais pas vraiment quelque chose de cool. Chaque jour, je devais lutter pour ne tuer aucun humain. Je plaçais mon manteau sur la patère et déambulais dans le café ne sachant quoi faire. Je m'asseyais à une table entre deux filles qui parlaient et des hommes qui jouaient à je ne sais quoi. J'appelais la serveuse et lui demandais un verre d'eau. Je versais deux bloods tablet et bu très vite. Je n'arrivais pas à dormir cette nuit. Les gens de la Night Class me donnais des frissons dans le dos. Et j'avais eu une peur terrible. Leurs sangs m'attiraient. Je rappelais la serveuse et cette fois lui demandait un chocolat chaud. Je n'étais pas du genre à détester le soleil. Au contraire j'aime ces rayons chauds.